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ETUDE CRITIQUE DE DOCUMENT
m é t h o d e |
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Médiathèque - TERMINALES site etxealaia
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MEDIATEGIA |
INTRODUCTION | ||
suivant la technique du commentaire, il faut d'abord donner la nature, l'auteur et le CONTEXTE (présentation externe du document >>> |
les instructions officielles concernant l'Introduction de l'analyse de document ou de l'étude critique recommandent d'identifier et de présenter les documents, donc celà revient au même ! (contextualiser est une nécessité implicite mais impérieuse en Histoire et en Géographie) | nature
: une affiche de propagande (et non pas une brochure tout
entière ; l'affiche a probablement été
insérée dans cette brochure). auteur : non identifié précisément. Mais l'affiche est publiée par "Aspects de la France" journal monarchiste, successeur de l'Action Française, interdite à la Libération en raison de sa Collaboration avec les Allemands et de son soutien à Vichy. [On peut se contenter de situer l'organe "à l'extrême-droite", d'après les informations de la note]. contexte : Les années Cinquante en France. A cette époque, domination dans l'opinion - et diffusion par les autorités de la République - d'une mémoire "résistancialiste" en apparence unanime, mais contestée par ce document. [On peut marquer un point supplémentaire en observant - le document 3 sur la même page le montre - que 1951, c'est le moment du vote des lois d'amnistie (après celle, partielle, qui mit fin à l'épuration officielle en 47) ou même noter que ce fait coïncide avec le retour au gouvernement de la Droite]. |
on
attendrait dès à présent, dans un commentaire
classique, une présentation interne du document : sa
composition, une synthèse de son contenu... Ici, la consigne invite à aborder ces points plus tard, dans le développement, ce qui tend à établir que, décidément, l'étude critique ressemble de près au commentaire ! |
la formulation explicite d'une problématique est attendue pour relier le document (ou les documents) à tels ou tels chapitres du programme | [En gros, pour parachever son introduction, il faut reformuler le sujet et le questionnement]. Les nostalgiques de Vichy regrettent ce régime et en défendent la mémoire. Il s'agit donc, en étudiant cette affiche, de se demander qui sont les adorateurs du Maréchal Pétain dans les années Cinquante, pourquoi ils admirent son régime et comment ils bâtissent leur propagande, et de montrer que le document atteste l'existence de mémoires plurielles (dans le temps, mais aussi en fonction des partis pris idéologiques) dans la France contemporaine. [Il n'est pas nécessaire - mais ce n'est pas interdit par ailleurs - d'annoncer le plan que l'on va suivre, plan de toute façon commandé par la consigne : dans un premier temps : analyse du récit de la vie de Pétain dans le document, puis dégagement des deux principaux aspects de sa relation avec les Français, qu'il protège et dont il est aimé]. |
DEVELOPPEMENT | ||
Comment la vie de Philippe Pétain est-elle présentée ? (en pratique, présentation interne) |
Quatre
épisodes, représentés chacun par une vignette
légendée, sont mis en évidence dans la biographie
en image de Philippe Pétain que nous propose ce document.
Le Maréchal est par ailleurs représenté "en
majesté" au centre de la composition, portant son uniforme mais
aussi une canne soulignant son grand âge et son dévouement
désintéressé envers les jeunes
générations, représentées par des scouts en
uniforme à l'arrière-plan. L'affiche évoque la
forme d'une croix, allusion transparente au sacrifice quasiment
"christique" de celui qui a fait "don de sa personne", comme le
souligne le texte en bas de page. |
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une interprétation monarchique et chrétienne | ||
Comment est décrite sa relation avec les Français ? un Maréchal de France |
Sa Gloire : un Chef qui a protégé les Français | Les deux premières vignettes et le texte qui les
accompagne soulignent le principal titre de gloire de Philippe
Pétain pour les "pétainistes". D'abord montré
comme le vainqueur de Verdun en 1916, puis comme le chef qui, muni de
son bâton de Maréchal, signe l'armistice en juin 40
pour sauver tant les populations civiles que l'armée sur le
point de capituler, il est le sauveur, le chef le plus légitime,
celui qui a "protégé" la France, conformément
à la thèse du "bouclier". [normalement, il faudrait critiquer d'emblée cette présentation très orientée, et signaler que la thèse du bouclier a été récusé, d'abord par l'Historien américain Paxton, puis par l'ensemble des scientifiques, à partir des années 70. Il y aurait ici beaucoup à dire, pour un spécialiste, sur les omissions du texte . Par exemple, le fait que Pétain a failli partir à la retraite sans même passer au grade de général est dissimulé (c'est le déclenchement de la Grande Guerre qui a prolongé sa carrière) comme est passé sous silence son pessimisme confinant au défaitisme, qui a toujours agacé ses chefs. Très épargnant de la vie de ses soldats, proche d'eux d'après le premier dessin, en tout cas très populaire du fait de son rôle dans la résolution de la crise de 1917, que le document préfère passer sous silence, il n' a pas remporté seul la victoire de Verdun, d'autres officiers ayant joué un rôle décisif dans la défense, notamment Nivelle]. |
la négation de la Collaboration | ||
Comment est décrite sa relation avec les Français ? Un héros national |
Son sacrifice : être condamné à tort, malgré son amour de la patrie | Les deux dernières vignettes montrent Pétain injustement emprisonné en 1945 après que sa condamnation à mort, imputée aux "traîtres communistes", ait été commuée en détention perpétuelle, puis honoré après sa mort par l'hommages des anciens combattants. C'est en leur nom que la revue "Aspects de la France" demande le transfert des cendres de Philippe Pétain au Fort de Douaumont. La popularité du Maréchal auprès du peuple évoquée par cette affiche n'est pas entièrement imaginaire. Idolâtré pendant la guerre, il reste après 1945, dans l'esprit de beaucoup, le vainqueur de 1918, qui aurait fait de son mieux sous l'Occupation. Sa politique de Collaboration est éludée (comme dans cette présentation) quand on n'en fait pas porter la responsabilité sur d'autres (Pierre Laval, notamment). Des années plus tard, le Président François Miterrand fait encore fleurir la tombe du vainqueur de Verdun tous les 11 novembre, jusqu'à ce que l'information soit divulguée et provoque un scandale. |
une figure paternelle, aimée du peuple | ||
CONCLUSION | ||
Dans le commentaire, il faut pour conclure commencer par une critique du support | Ce n'est pas exigé par les recommandations officielles concernant la conclusion de l'étude critique, souvent présentée comme devant être "courte" mais, comme son nom l'indique, l'étude doit comporter une critique pertinente très développée : le paragraphe ci-contre peut aussi bien être intégré au développement (ce serait même préférable) | On peut insister ici sur les propos très étonnants concernant l'Allemagne. Philippe Pétain est censé suivant cette affiche avoir préparé dès 1940 la "revanche" et il aurait confié dans cette intention au Général Weygand la tâche de réorganiser l'armée. Pourtant, Pétain s'est opposé à toute résistance militaire en 1942, lors de l'invasion de la zone Sud par les Allemands, tout comme il a ordonné plus tard à la flotte de Toulon de se saborder au lieu de tenter de lui faire reprendre le combat. Il serait "rentré volontairement d'Allemagne", selon la légende de l'avant-dernière vignette, qui n'explique pas en revanche pourquoi il a accepté d'y être transféré en 1944, de même qu'un mutisme complet est observé, concernant la politique de Collaboration avec le gouvernement nazi voulue par le Maréchal Pétain (entrevue de Montoire), ou son antisémitisme virulent. Le parti pris idéologique de l'affiche est évident. Les dirigeants d'"Aspects de la France" sont en effet d'anciens dignitaires de l'Etat Français, la dictature de fait exercée par Pétain entre 1940 et 1944, et les continuateurs de "l'Action Française", mouvement nationaliste inspiré par Charles Maurras, qui prôna l'alliance avec le IIIème Reich. |
Les deux dernières étapes de la conclusion attendue dans un commentaire consistent à dégager l'intérêt et la portée du document | L'étude
critique doit elle aussi déboucher sur le signalement de
l'intérêt majeur du document, voire de celui de la
confrontation des deux supports quand il s'agit de l'étude de
deux documents, et sur une indication relative à sa
portée. Mais on peut ajouter, d'après certains conseils
des manuels une réponse à la problématique. |
intérêt : l'unanimisme autour du mythe
résistancialiste n'est pas aussi complet dans les années Cinquante que la lecture de la
presse ou des manuels scolaires de l'époque peut le laisser
croire. C'est ce que montre ce document "révisionniste"
qui ose accuser de trahison le PCF (nous sommes en pleine Guerre Froide
et l'URSS de Staline incarne l'ennemi absolu pour l'Occident)
malgré le rôle éminent joué par les
Communistes dans la Résistance. Le point de vue exprimé
ici est celui d'une partie des partisans déçus de la
"Révolution nationale", faction qui, en l'occurrence,
espérait obtenir, grâce à Pétain,
l'instauration en France d'un régime autoritaire et
traditionnaliste, et peut-être une restauration monarchique portée : la tentative de réhabiliter la mémoire de Pétain n'a guère eu de succès à moyen et long terme, puisque l'effritement du mythe résistancialiste, commencé à la fin des années 60, a débouché sur une réévaluation de l'oeuvre de son gouvernement plutôt négative, tant du point de vue des exactions commises par l'Occupant aux dépens de la France, que de la responsabilité de Vichy dans la mise en oeuvre de la Shoah. Les "pétainistes" continuent de se recruter presque uniquement parmi une minorité située à l'extrême-droite". Le gâtisme supposé de Pétain, initiateur de la Collaboration avec Hitler, n'est plus perçu, par ailleurs, comme une excuse valable à ses crimes. Les nostalgiques de l'Etat Français se situent donc, dans les années Cinquante comme plus tard, nettement à droite des Gaullistes et des modérés. Ces tenants de l'extrême-droite opposés au Libéralisme comme au Communisme, et se réclamant volontiers de traditions catholiques et royalistes, font de Pétain une sorte de héros national incompris, ils nient le plus souvent la réalité de la Collaboration. Quoique la participation de ministres modérés aux affaires ait permis le vote, dès 1951, de premières lois d'amnistie en faveur des collaborateurs les moins compromis, les Pétainistes ne réussirent pas leur entreprise de réhabilitation... même si des tentatives pour atténuer la portée de ses responsabilités dans la Collaboration ou la Shoah sont encore réguliérement conduites (cf la polémique alimentée récemment par "Le suicide français" de Zemmour). |